« Meditation is not passive sitting in silence. It is sitting in awareness, free from distraction, and realizing the clear understanding that arises from concentration”. Thich Nath Hanh.

 

Notre esprit est loin de ressembler à la piste dégagée d’un aéroport, d’où les idées décolleraient bien en ordre, les unes après les autres.
Au contraire, les pensées, les bruits et les distractions environnantes se disputent la première place dans notre tête, causant stress, anxiété et insomnies.

Le disque dur de notre conscience est encombré de trop de choses inutiles.
Le calme de notre cerveau ne vient qu’au moment du sommeil. Et cela n’est pas suffisant pour le régénéré !
Il existe une pratique qui calme nos pensées et permet l’apaisement du corps et de l’esprit :

un corps pacifié et reconnecté permettant un esprit éclairé !

Beau programme 🙂

La sur-sollicitation éveille en nous le besoin de méditation.
Tout comme la pratique du sport est devenu une habitude prisée au siècle dernier pour contrecarrer une sédentarité excessive et nuisible, certains prédisent que la méditation deviendra la pratique phare de notre siècle pour compenser son vacarme et l’envahissement anxiogène d’une ère numérique ultra connectée.

 

ESPRIT ENCOMBRE ET CORPS DECONNECTE

Notre mental est habitué à avoir la main mise sur notre flux de pensées. Il aime la distraction à outrance (fournit sans complexe par notre environnement actuel de plus en plus encombré : smartphone, flux continuel d’informations, réseaux sociaux…). Il est par nature attiré par ce qui est bruyant et facile (tout comme notre goût est attiré par le sucré et le salé). C’est donc une habitude bien encrée pour notre mental que de sauter d’une information à l’autre, de se focaliser sur des images faciles, de se laisser hypnotiser par du bruit inutile, de réfléchir en boucle, de ruminer, ou de s’anesthésier par le vacarme extérieur. Le problème est que cette hyper-activité mentale est toxique car elle nous fatigue, nous stress, nous affaiblit et empêche notre esprit de respirer. Nous souffrons d’un déficit généralisé d’intériorité. Car il manque dans notre société tout ce qui permet l’introspection. Nous sommes carencés.
Sans compter que le mauvais stress est reconnu aujourd’hui comme étant l’un des fléaux les plus nocifs et meurtriers de notre époque, devant la cigarette!
Inversement à cette hyper connexion mentale, on ne peut que déplorer une déconnexion totale à notre corps, qui est devenu, au fil du temps, un instrument. On repousse ses limites, on l’utilise, on le maltraite parfois, et on ne l’écoute pas. Dans le meilleur des cas, on finit par le ressentir au moment d’une crise, lorsqu’il va mal ! Un peu tard ! Inutile de démontrer l’importance de se reconnecter à son meilleur ami (et je pèse mes mots) ! 

L’illusion est de penser que plus je cours, plus je suis stressé, plus je suis occupé et plus je suis important… et si je m’arrête, c’est la mort ! …c’est tout le contraire ! 
Pour que notre conscience puisse exister et se développer, nous devons la protéger d’un monde, certes stimulant et nourrissant, mais aussi envahissant et toxique.  

Voilà à quoi pourrait ressembler le mental encombré d’un occidental de nos jours (à gauche),
et le mental apaisé de ce même occidental, avec la pratique de la méditation (à droite)  🙂 

CALMER SON ESPRIT ET HABITER SON CORPS

Tordons tout de suite le coup à certaines idées reçues !
La méditation n’est pas réservée à une poignée de moines tibétains vivants reclus dans les montagnes !
La méditation ne transforme pas ses pratiquants en disciples zen déconnectés de toute vie sociale.
La méditation n’est pas une fuite de la réalité.
La méditation n’empêche pas d’être dynamique et joyeux
La méditation n’est ni une relaxation, ni une réflexion concentrée. 

La méditation est une pratique qui permet de calmer son esprit et d’habiter son corps .
C’est une prise de conscience de ce qui se passe en nous à l’instant présent. C’est écouter ce qu’il se passe. 

Ce n’est pas fuir les difficultés mais au contraire les affronter avec force.
Ce n’est pas s’isoler mais plutôt se reconnecter.

Un véritable bienfait permettant de ramener volontairement une attention qui s’éparpille, de se reconnecter à son corps, et de cultiver un rapport apaisé au monde.
Une nourriture indispensable pour un citadin actif.

UNE PRATIQUE SIMPLE

La méditation est simple, c’est bien ce qui est difficile !

 

  • Avoir une bonne posture
    Une bonne assise stable nous aide à stabiliser notre esprit.
    Une assise en bonne posture, verticale, face au réel (une prise de position dans la vie). Une droiture venant de l’intérieur, ni trop tendu, ni trop relâché.
    Le bassin plus haut que les genoux. 
    Les fesses épanouies.
    Grandir la colonne vertébrale en créant de l’espace entre chaque vertèbre, puis lâcher prise doucement en gardant son axe.
    La tête droite, les yeux délicatement fermés.
    Les mains posées sur les genoux.
    Assis, simplement attentif.

 

  • Observer et écouter
    Pour se reconnecter à son corps il faut écouter.
    Observer son souffle sans l’accélérer ni l’exagérer. 
    La pratique commence…
    « J’ai une réunion », « je vais être en retard », je n’arrive pas à me détendre »….. Laisser passer les pensées qui apparaissent naturellement pour revenir à son souffle. Toujours. Et être attentif à ses sensations. 
    Il ne s’agit pas de « faire le vide » (tâche quasi impossible ) ou de s’obliger à « faire le calme » (trop de pression), mais plutôt d’écouter, d’être attentif à ce qu’il se passe à l’intérieur de nous (vaste monde aussi passionnant qu’inexploré) sans jugement.
    Je suis triste ? je suis tendue ? j’ai mal à cet endroit ? … j’écoute cela à travers mon immobilité. Souvent les choses lâchent en entrant en rapport avec le corps.  
    On devient incarné. Cela signifie centré sur ce qui est, en puisant des forces profondes en nous. Apprendre à lire nos sensations c’est prêter attention au tableau de bord qui témoigne de notre équilibre intérieur.

 

  • Etre patient
    C’est normal que beaucoup de pensées surgissent et que parfois nous oublions de suivre notre respiration. La distraction est un élément normal du processus de médiation. Etre patient. Seule la pratique et l’expérience peuvent aider à cette prise de distance envers le mental, à laisser nos pensées se dissoudre d’elles-mêmes.

 

  • Quelques minutes suffisent, au début
    Commencer par 5 ou 10 minutes par jour. L’important n’est pas la durée mais la régularité. Mieux vaut 10 minutes par jour que 30 minutes le week end. 
 
Une pratique bénéfique
D’où nous vient cette croyance étonnante que nous sommes les maîtres de notre esprit ? que notre capacité d’attention et de conscience n’a pas besoin d’être travaillée ? Comme si notre cerveau, siège émotionnel, à la différence de nos muscles, n’avait pas besoin d’entrainement ! Cela n’a évidemment pas de sens …
Si nous nous contentons de vagues intentions de changement, nous n’utiliserons jamais correctement notre esprit, nous resterons des victimes consentantes de nos automatismes, produisant les même pensées courtes et émotions incontrôlées. L’idée n’est pas de tenir le mental en laisse mais de rétablir l’équilibre des forces. Pouvoir se concentrer ou se contrôler en cas de besoin. 
 
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LA PLEINE CONSCIENCE

Depuis de nombreuses années on entend parler de « Mindfulness » ou de « pleine conscience ». Venant des enseignements de Bouddha et désignant « la conscience vigilante de ses propres pensées », cette pratique a été développée en occident par Jon Kabat-zinn dés les années 70 afin de lutter contre le stress, l’anxiété et la douleur. Fin des années 90, un best-seller mondial allait devenir une référence dans ce domaine et incarner le contre pied d’une société consumériste déconnectée de ses valeurs profondes : « Le pouvoir du moment présent », d’Eckhart Tolle.

  

  • Se libérer de ses pensées
    Descartes disait : « je pense donc je suis » !
    La pleine conscience dit : « je ne suis pas seulement ce que je pense » 
    suis» ayant les 2 sens «être» et «suivre»).
    Le flot des pensées ressemble à un tumulte incontrôlable. Plutôt que de fuir ce flot (en se distrayant) ou de se focaliser (en ruminant), il est préférable de l’observer. Petit à petit, on voit nos pensées n’être que des pensées, et se dissoudre. On se désolidarise d’elles, ce qui nous permettra de reconnaître les jugements, les automatismes, les impulsions quand ils se présenteront, et ne pas nous laisser envahir par eux. La méditation de pleine conscience permet de ne plus dépendre de ses pensées sans pour autant les refuser.
  • Etre présent.
    Il s’agit de s’asseoir sans rien faire, être présent à ce qui est, écouter sans jugement, être attentif sans rien attendre. Il n’y a rien à réussir, rien à obtenir, simplement être présent. Se laisser guider par ses sensations, entrer dans le moment présent tel qu’il est. La méditation nous permet d’accéder à l’inouï , qui veut dire « ce qu’on a jamais entendu »; car jamais écouté.
  • Etre dans l’instant présent rend heureux
    Nous pouvons dire que nous sommes attentif à l’instant présent lorsque nous utilisons nos sens- quand nous écoutons, sentons, regardons, goûtons, éprouvons les choses. Alors nous expérimentons sans réfléchir. Notre ressenti est délibéré et profond. Nous nous sentons vivant donc heureux. Sous un angle purement scientifique, nous avons découvert que notre cerveau sécrète de la sérotonine et de la dopamine, les deux substances chimiques qui produisent du bien-être, lorsque nous sommes attentif à ce que nous faisons.
    Les enfant naissent avec cette aptitude à se plonger entièrement dans ce qu’ils font. C’est un don que, nous adultes, nous évertuons à casser. « Arrête de regarder cette fleur, nous sommes en retard » ! Voilà notre invective pressée face à la beauté de l’instant présent !
    Rien ne remplace l’expérience de l’instant présent.
    S’arrêter et éprouver.
  • Etre au lieu de faire
    Dans notre société le mode « par défaut » est le mode : faire. Nous sautons d’une action à une autre sans être vraiment présent à ce que nous faisons pensant déjà au futur ou ruminant le passé. La pleine conscience nous chuchote de sortir du faire et de basculer un petit moment dans l’être. Pour être dans la vie.
  • Protéger l’important face à l’urgent
    Nous avons chaque jour à faire face aux conflits entre ce qui est urgent et ce qui est important. Notre réflexe nous pousse à faire l’urgent puisque c’est ce qui risque d’être immédiatement sanctionné alors que l’important ne l’est pas tout de suite. En revanche l’important est ce qui importe dans le fond, ce qui rend la vie précieuse, qui lui donne du sens. Choisir de répondre aux mails, de faire les courses ou de réparer une fuite c’est choisir l’urgence, choisir de marcher dans la nature, parler à un ami ou respirer c’est choisir ce qui est important, dans le fond. Sans un peu de recul, toutes sollicitations semblent urgentes même si elles ne le sont pas tant que ça et effacent sans complexe tout ce qui est important ! La méditation en pleine conscience permet de le voir et de mieux gérer ce conflit permanent.
  • Une aide face à la tempête
    Visualisez un arbre dans une tempête. A la cime, le  vent secoue violemment les branches et les feuilles qui semblent fragiles. Mais le tronc lui, reste solidement enraciné. Il peut résister à une tempête.
    Nous sommes comme l’arbre. Notre tronc se trouve juste en dessous de notre nombril. Nos pensées et nos émotions sont localisées au niveau de la tête et de la poitrine. Sous l’emprise d’une émotion forte, colère, peur ou désespoir, il est dangereux de rester dans la partie fragile, la tête. Il vaut mieux descendre dans le tronc solidement enraciné. Là, nous pouvons inspirer et expirer dans le calme et nous apaiser.
     
  • Donner un espace à ses émotions
    Les émotions ne parlent pas elles s’expriment. Les mots ne suffisent pas à les apaiser il faut passer par le corps. En pleine conscience on accueil et on ressent les émotions. Accueillir ne veut pas dire accepter le message.
    Lorsque c’est douloureux ne pas chercher à modifier, ne pas se consoler, juste regarder ce qu’on ressent. Respirer et ne rien vouloir. La pleine conscience nous permet de voir dans la nuit comme une lampe éclaire. En traversant ses émotions on s’aperçoit que comme les nuages il n’y avait rien de très solide et qu’après, viendra le soleil.
    Le but n’est pas le vide mais la clarté. Pour dépasser une souffrance il faut admettre qu’elle existe en nous. Le « c’est pas possible » « c’est pas juste » nous empêche d’accepter le problème donc de le dépasser. La sérénité ne pousse que sur la lucidité non sur le déni. La pleine conscience devient un refuge lorsqu’on s’arrête pour respirer. Non pas pour fuir mais pour choisir d’y voir plus clair, laisser une chance à notre intelligence.
     
  • Au service de l’intelligence
    Raison et méditation font bon ménage. La pleine conscience est à la fois un laboratoire où nous observons notre esprit fonctionner, et un gymnase où nous l’entraînons à acquérir certaines qualités (capacité de réflexions, concentration, résistance à la distraction…). Le tumulte et le désordre de notre esprit diminuent notre libre arbitre car esclave de nos émotions et des circonstances. L’esprit agité et dispersé ne peut poser un regard lucide sur le monde. Nos souffrances résultent souvent de la manière dont nous comprenons la réalité. La pleine conscience apporte cette apaisement si bénéfique et utile à l’intelligence. Garder l’esprit affûté en le maintenant apaisé.

Se connecter à la nature
Se reconnecter à la nature est un bain de jouvence à pratiquer sans modération. Nous avons besoin de ses sons. Ils sont la nourriture bio de nos oreilles et facilitent la pleine conscience. La mer, la montagne, la campagne nous les offrent. C’est pourquoi leur pouvoir pacifiant est grand sur nous.
Ce sont les très vieux sons de nos racines animales.

 

RÉSULTATS SCIENTIFIQUES

UNE DÉTENTE OPTIMALE

Dans les années 70 des scientifiques de Harvard ont découverts que la méditation produisait une réaction dans le corps et l’esprit à l’opposé du stress. La respiration ralentit, la tension musculaire, le métabolisme et la production d’hormones du stress diminuent, tandis que l’irrigation sanguine de la peau et des organes digestifs augmentent. En outre, les ondes cérébrales thêta, associées à un état profond de calme mental, deviennent plus actives.

UNE PLUS GRANDE GAITE 

Les scientifiques de l’université du Wisconsin ont découvert en 2003 que durant la méditation, l’activité du cerveau antérieur gauche s’intensifiait. Cela est associé à des émotions positives, à l’enthousiasme. Cela s’accompagne en outre d’un renforcement du système immunitaire.

MOINS DE PROBLÈMES PHYSIQUES

En 2005, une équipe de l’université de Yale a découvert qu’une pratique répétée de la méditation produisait plus de cellules dans la zone du cerveau responsable de l’orientation et l’attention. Ce qui aide à ignorer les informations non pertinentes, aide à se défaire des pensées obsessionnelles et aide à moins souffrir de problèmes physiques.

MOINS DE STRESS

En 2007, une étude sur des étudiants de l’université de l’Oregon a démontré que la méditation obtenait de meilleurs résultats que la relaxation classique aux test de calculs, avec moins de souffrance au stress et  moins de fatigue.

souffle vitalNous nous éveillons face à ce qui est beau, imprévu ou bouleversant. Mais le reste du temps nous ressemblons plus à des robots agissants et absents, comme anesthésiés par tant de bruits !
Notre époque se charge de nous dire exactement quoi faire et quand le faire en plaçant des panneaux indicateurs « c’est par ici », des publicités « regardez ça , savourez ceci, achetez cela ». Tous les moments d’émerveillements sont bien cadrés « cinéma, théâtre, musée… ». Un chemin bien balisé !
Mais notre vie n’est pas une visite guidée ! 

Si nous vivons dans la dispersion continuelle, que nous nous contentons de répondre aux sollicitations divers, d’aller là où ça clignote et où ça sonne, notre esprit finira par nous jouer des tours, pouvant laisser place à un mal-être, au burn out ou à la dépression.

Il nous suffit de faire ce pas de recul qui nous permet de reprendre les choses en main. Ne plus laisser notre esprit sous l’emprise du vacarme ambiant, normé par des instances à but purement commercial.
Ce pas de recul, cette réappropriation de notre mental, de notre flux émotionnel, cette reconnexion avec notre corps, devient possible grâce à la pratique de la méditation. Rien que ça !

Une longue pratique semée parfois de découragements. Mais, tout comme des centaines de pas nous ont appris autrefois à marcher, et des centaines de pas continuent chaque jour de maintenir en nous cette capacité à la marche, pratiquez des centaines et des centaines de fois notre capacité d’attention et d’écoute intérieure ne doit pas nous faire peur. Cela représente un entrainement mental exceptionnel et une approche joyeusement incarnée de la vie.

Bibliographie 

« Méditer, jour après jour », Christophe André.
Joli livre pratique et poétique, mettant en miroir chaque étape de la méditation avec l’étude d’une œuvre d’art. Brillant et instructif. Un CD permet de s’initier à la méditation.

« Méditer. 108 leçons de pleine conscience », Jon Kabat-zinn.
Le maître incontesté du « mindfulness » (méditation de la pleine conscience), Jon Kabat-zinn, scientifique écrivain et professeur de médiation, nous invite à pratiquer cette médiation bienfaitrice. Diplômé de biologie moléculaire, Il a développé à l’école de médecine du centre hospitalier du Massachusetts, le programme MBSR (Mindfulness based stress reduction) suite à ses recherches poussées sur le lien corps et esprit. Il démontre que la pleine conscience peut aider les personnes souffrant de douleurs chroniques et de stress ainsi que le renforcement de l’immunité. Ce livre est accompagné d’un CD audio et de la douce voix de Bernard Giraudeau. Incontournable.

« La plénitude de l’instant », Thich Nhat Hanh.
Moine bouddhiste vietnamien très engagé pour la paix, Thich Nath Hanh délivre ses pensées autour du pouvoir réparateur de l’instant présent. Un petit livre emplit de sagesse qui fait énormément de bien. Un petit trésor.

« Le pouvoir du moment présent », Eckhart Tollé.
C’est un guide d’éveil spirituel sur le même sujet incontournable qu’est le moment présent par un maitre spirituel original et stimulant. Une bonne entrée en matière.